Contrairement à un usage longtemps r épandu,les coricoides ont,en fait.un nombre limit é d’indications dans le domaine de la cancérologie vétérinaire.
Ils peuvent être prescrits pour leur action anti-tumorale réelle (mais sur un nombre très limité de types tumoraux) et en prévention de quelques uns des effets secondaires liés à la chimiothérapie. L’utilisation abusive des corticoïdes (surtout les formes retard) sur tous les types tumoraux (parfois même sans connaissance de la nature histologique) ne devrait plus être de règle de nos jours. L’utilisation d’autres modalités thérapeutiques plus efficaces devrait peu à peu les cantonner à leurs réelles indications. Ceci est d’autant plus vrai que leurs effets secondaires sont non négligeables lors d’utilisation prolongée.
CHOIX DU CORTICOiDE PAR VOIE ORALE
Dans les protocoles de corticothérapie en voie orale proposés ci-dessous,seule la prednisolone est mentionnée. Cependant :
•La prednisone est efficace mais elle ne possède pas d’AMM vétérinaire. •Nous n’avons pas d’expérience personnelle avec la methylprednisolone mais celle-ci possède un mécanisme d’action cellulaire identique à la prednisolone ainsi qu’une durée de freination hypothalamo-hypophysaire identique. Elle peut donc également être prescrite
à la place de la prednisolone avec un ajustement de la dose car son pouvoir anti-inflammatoire est plus élevé:0,8 mg/kg de methylprednisolone équivaut à 1 mg/kg de prednisolone.
PRESCRIPTION DES CORTICOiDES POUR LEUR ACTION
ANTI-TUMORALE
Les corticoïdes sont capables d’engendrer une cytolyse ou un effet cytostatique réel lors de proliférations tumorales lymphoïdes (lymphome malin, leucémies lymphoïdes et myélome multiple). Ils possèdent alors un effet cycle-dépendant. Pour cette action,ils se fixent sur des récepteurs protéiques dans le cytoplasme des cellules tumorales et favorisent par un mécanisme inconnu la mort cellulaire par apoptose.
LYMPHOMES (autres que T-épithéliotropes)
Drogues de choix:prednisolone
Doses classiques:1 mg/kg/j en une prise par jour pendant 7 à 28 jours (induction) puis 1 mg/kg/2 jours (maintenance)
Résultats:En monochimiothérapie,les corticoïdes permettent d’obtenir une rémission clinique dans 40 à 50 % des cas de lymphomes ganglionnaires multicentriques chez le chien. Cette rémission est malheureusement de courte durée avec une médiane de survie variant de 1 à 2 mois seulement. De bien meilleurs résultats sont obtenus avec des protocoles de polychimiothérapie (incluant les corticoïdes) type protocole de Cotter ou COPLA. Ils permettent d’obtenir un taux de rémission de l’ordre de 80 % avec une survie médiane de 12 à 18 mois.
Remarques
MYCOSIS FUNGOIDES
Drogues de choix:prednisolone en association avec les rétinoïdes de synthèse Doses classiques:prednisolone :0,5 à 1 mg/kg en 1 prise par jour
acitrétine :1 à 3 mg/kg en 1 prise par jour
MASTOCYTOME
Les corticoïdes exercent également sur les mastocytomes une action anti-tumorale directe. Un mécanisme d’action proche de celui évoqué
pour les cellules tumorales lymphoïdes est
possible (récepteurs cytoplasmiques).
Drogue de choix:prednisolone seule ou en association avec la vinblastine
Doses classiques:prednisolone :2mg/kg/jour pendant 2 à 4 semaines,
puis CJA sur 6 mois.
vinblastine 2 mg/m2 4 fois
à une semaine puis
4 fois à deux semaines.
PRESCRIPTION DES CORTICOiDES EN PREVENTION DES
COMPLICATIONSDELACHIMIOTHÉRAPIE
Des réactions allergiques sont possibles avec certaines drogues de chimiothérapie et peuvent aller jusqu’au choc histaminique. Les drogues incriminées sont principalement la doxorubicine et la L-asparaginase. En ce qui concerne la doxorubicine,la réaction apparaît pendant ou juste après la
perfusion d’administration. Pour éviter au maximum cette complication, il faut administrer
lentement la drogue (au minimum sur 45 minutes).
Si elle se produit quand même, il faut arrêter la perfusion et injecter de l’hémisuccinate de méthylprednisolone (6 mg/kg en IV,données chez l’homme) ou de la dexaméthasone (1 mg/kg). Pour la L-asparaginase, la réaction ne se produit que si le produit est injecté par voie IV ou
intrapéritonéale. Il faut donc toujours injecter la L-asparaginase par voie IM et jamais en IV.
Une neurotoxicité très importante est possible avec l’utilisation du fluorouracile chez le chien.
Théoriquement cette drogue ne doit plus être utilisée chez le chien et le chat.
La dexaméthasone à 4 mg/kg était utilisée pour tenter de contrôler les troubles neurologiques induits.
La chimiothérapie peut induire des vomissements. Parmi les drogues les plus émétogènes,citons le cisplatine et la dacarbazine. Les corticoïdes sont très utilisés en cancérologie humaine dans le contrôle de ces vomissements. Ils agiraient en bloquant le « centre du vomissement » cérébral. La dexaméthasone est la drogue la plus employée avec des doses allant jusqu’à 20 mg par voie IV.
Personnellement, nous arrivons à un bon contrôle dans la majeure partie des cas avec le métoclopramide. L’ajout de dexaméthasone chez le chien ne nous a pas apporté d’efficacité
supérieure. L’emploi de la dexaméthasone est surtout la règle dans les publications
anglo-saxonnes qui ne connaissent pas ou peu le métoclopramide.
PRESCRIPTION PALLIATIVE DES CORTICOiDES EN
CANCÉROLOGIE
Cette dernière indication de la corticothérapie en cancérologie vétérinaire est de manière
quantitative la plus importante. Il ne faut pas oublier que la prescription des corticoïdes est
rarement curative et que leur utilisation palliative ne devra se faire qu’en cas d’échec des autres modalités thérapeutiques réellement cytotoxiques ou cytoréductrices. Leur utilisation comme traitement unique ne se fera qu’en phase terminale lorsqu’aucun autre traitement
n’est possible et surtout pas en première intention par défaut. Dans ce cas,ils sont employés
pour calmer la douleur,stimuler l’appétit et le niveau d’activité,globalement pour améliorer la qualité de vie. Ils n’augmentent alors absolument pas la durée de vie. En tant qu’analgésiques,les corticoïdes sont surtout intéressants lors de douleur osseuse ou articulaire par infiltration tumorale, lors de « maux de tête » par hypertension intra-crânienne et face à un effet de masse (tumeur volumineuse avec œdème peritumoral marqué). Ils sont également utiles à chaque fois qu’une réaction inflammatoire importante existe. Ils sont prescrits soit à faible dose au long cours soit en traitement « flash » sur des douleurs intenses. Leur emploi est parfois insuffisant (cas des tumeurs osseuses) et dans ces cas les morphiniques sont souvent nécessaires.
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