jeudi 24 mars 2011

PREVENTION DE L'INFERTILITE


LES FACTEURS ALJMENTAIRES IMPLIQUÉS

La reproduction est une fonction de luxe dont I'héritabilité est à peu près nulle. Elle est la première affectée par toute erreur alimentaire, même très nuancée, difficile à identifier, se mani -festant de manière généralement insidieuse et non spécifique. De ce fait, l'implication de l'alimentation lors d'un problème de fertilité oblige à écarter au préalable les autres causes éventuelles (depuis la détection des chaleurs jusqu'aux infections), puis à examiner avec précision l'ensemble du rationnement alimentaire, y compris en période de tarissement et pendant tout le début de lactation.

Sur le plan alimentaire, toute sur-charge, toute carence, tout déséqui-libre peuvent intervenir. Les différents facteurs concernés s'établissent suivant une hiérarchie dont il convient de tenir compte pour une approche méthodique de l'infertilité nutritionnelle clans les troupeaux de vaches laitières : déficit énergétique, excès d'azote dégradable, déficiences minérales, carences en vitamine A et/ou carotènes, contaminations nocives.

• Le déficit énergétique du début de lactation est le premier responsable de l'infertilité des VLHP ; comme il augmente avec la productivité, il explique la baisse progressive de fertilité en ces dernières décennies.

Ainsi le taux moyen de conception (par insémination) est passé d'environ 2/3 en 1950 vers 1/2 en 1975 ; de même, l'intervalle entre 2 vêlages s'accroît statistiquement d'un jour pour 100 kg de lait supplémentaire par lactation. Dès lors, on conçoit les relations pratiques très étroites entre cétose et infertilité, par l'intermédiaire de l'hypoglycémie. Le dosage des corps cétoniques. sanguins ou lactés peut en apporter une très bonne vérification.

• L'excès alimentaire d'azote dégradable entraîne une intoxication ammoniacale qui entrave le maintien ou le rétablissement de la glycémie. Elle inhibe aussi la synthèse de progestérone et elle est directement toxique pour l'embryon (d'où des "retours" tardifs) ou le foetus (d'où des avortements)- Le danger peut venir de l'herbe très jeune, des ensi-lages d'herbe ou de luzerne imparfai-tement conservés, du colza-fourrage, ou de complémentations abusives ou mal raisonnées en urée ou en ammoniac. Rappelons a ce propos que le dosage de l'urée du lait (> 0,30 g/1) est alors un excellent indicateur.

• Les déficiences minérales, en
rapport avec l'infertilité, concernent principalement le phosphore, le man-ganèse, le zinc et le cuivre, parfois l'iode (avec des régimes à base de crucifères qui sont riches en facteurs antithyroïdiens), L'excès de calcium et la carence en vitamine D aggravent

les déficits en ces oligoéléments, tout en pouvant conduire secondairement à une hypocalcémie qui prédispose aux rétentions placentaires, aux retards d'involution utérine, et aux métrites.

• La carence en vitamine A et/ou en carotènes est vraisemblable avec des foins jaunis, des ensilages de maïs surtout s'ils comportent des taux éle-vés d'urée, de nitrates ou d'alcool. Elle intervient directement sur la fonc-tion de reproduction, mais condi-tionne également la défense immuni-taire contre les métrites, avec le zinc, la vitamine E et le sélénium...

• Différents agents pharmacodyna-miques, bactériens ou fongiques,
peuvent aussi compromettre la fécon-dité tels que les phyto-ocstrogénes de la luzerne ou des trèfles (surtout quand ces fourrages sont parasités), la zéaralénone du maïs moisi, la listéria d'ensilages mal conservés, Aspergillus fumigalus apporté par des fourrages moisis.

BILAN ÉNERGÉTIQUE ET FERTILITÉ

Le déficit énergétique du début de lactation entraîne une hypoglycémie qui se maintiendrait tant que la perte de poids corporel (voir figure 70) reste supérieure à 200 g/VL/j. Il en procéderait, dans la cascade des inter-relations hormonales, des diminutions conjointes des sécrétions d'insuline, des hormones de la reproduction (LH, FSH...), provoquant un arrêt de l'activité ovarienne et des chaleurs.

Celui-ci est d'autant plus long que le déficit énergétique et l'amaigrissement qu'il induit sont plus durables et sur-tout plus accentués. Plus précisément, la première ovulation surviendrait en moyenne 10 jours après la dépression maximale du bilan énergétique et du poids corporel. Dès lors, on comprend la nécessité d'atténuer et de raccourcir cette phase de bilan énergétique négatif, grâce à une bonne conduite du rationnement alimentaire visant à couvrir au plus tôt et au mieux les besoins de lacta-tion.

Au-delà, chez les vaches en mauvais état corporel à la période souhaitable pour la fécondation, il est conseillé de pratiquer une complémentation spé-ciale de reproduction (''Flushing'') consistant à distribuer 2 à 3 kg sup-plémentaires de concentrés pendant les 2 ou 3 semaines qui entourent l'insémination.


Le taux d'acétone du lait, au-dessus de 23 mg/1, est un excellent critère de l'excès du déficit énergétique
qui compromet prioritairement la fertilité de la vache, parallèlement au degré d'amaigrissement (au-delà d'une chute d'état de 1,25-1,5 point) et à la productivité laitière en 60e jours ou au 60e jour, aussi bien même que en 21 jours ou au 21' jour. Sa détermination mériterait grandement d'être associée au dosage de l'urée du lait, très bon témoin d'un éventuel excès d'azote dégradable qui représente sans doute le 2e danger majeur à l'égard de la reproduction (voir figure 71).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire